samedi 16 mars 2013

Harar dans les remparts

Fondée entre le 7ème et le 9ème siècle, sa population, de langue sémite, développe les systèmes d’irrigation. Convertie à l’islam vers le 13ème siècle par Cheikh Abadir, venu du Hedjaz, elle tisse de profonds liens culturels avec le monde musulman. Le commerce complète l’agriculture : à mi-chemin entre la mer Rouge et l’intérieur des terres, la cité devient un important centre caravanier et, forte de cette puissance, frappe sa propre monnaie à partir du Moyen Age. Au début du 16ème siècle, le bourg est très développé mais le sultan, trop conciliant envers les infidèles, est assassiné par le Gragn, qui prend le titre d’émir. De 1526 à 1543, elle sert de base à ce dernier, lors du Jihad contre l’Ethiopie. A la mort du Gragn, la ville s’affaiblit et subit les attaques oromo. Pour s’en protéger, Nur ibn Mujahid (1551-1568), neveu du Gaucher, encercle les habitations d’un mur défensif. Appelée “Jugal”, l’enceinte mesure 3,342 km de circonférence et fut percée, à l’origine, de 5 portes. Ces entrées furent déterminées en fonction de la stratégie défensive, des passages caravaniers et de la proximité des points d’eau. Cinq quartiers, correspondant aux cinq portes, étaient gérés par les représentants de l’émir, collecteurs d’impôts et gardiens des clés de la ville. Percée de trous, la muraille permettait l’écoulement des eaux et l’arrivée des hyènes, véritable service de nettoyage des rues. Dirigée par une dynastie locale à partir de 1647, la cité est, ensuite, occupée par les Egyptiens en 1875. Ceux-ci réparent la fortification, l’élevant jusqu’à 5 m du sol. Ils seront chassés avec l’aide des Anglais en 1885. La présence égyptienne ouvre Harar au monde. Seul Européen connu, Richard Burton, célèbre explorateur, pénètre dans la ville vers 1850, déguisé en marchand de livres. La voie libre, les négociants de tous pays accourent. En proie à des difficultés financières et sous la pression anglaise, l’Egypte abandonne l’agglomération à l’émir Abdullali qui, désirant refermer la région, chasse les marchands étrangers. Ménélik II s’insurge et conquiert la cité à la bataille de Chelenqo en 1887. En signe de victoire, la mosquée principale est rasée et remplacée par l’église de Medhané Alem. Les transactions, surtout celles concernant les armes, s’intensifient au profit de l’empereur. Ras Makonen, père de Ras Tafari (futur Haïlé Sélassié), est nommé gouverneur. Poste, télégraphe, téléphone, école, banque, se développent. Indiens, Arméniens, Arabes et Grecs se réinstallent. Le chemin de fer arrive à Diré Dawa en 1902. Prévu jusqu’à Harar, il s’arrête dans la plaine ; l’obstacle de la montagne tuant définitivement la vocation commerciale de la ville.

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